mercredi 9 septembre 2015

REFLEXION SUR LA FOI






FOI ET RAISON 

   En quoi la raison peut-elle faire obstacle à la foi ? Nous pouvons définir la foi comme une attitude par rapport à l’idée. Une attitude positive très évidemment. Nous définissons, au contraire, la raison comme une démarche vers l’idée. La foi accepte l’idée sans chercher à la comprendre. La raison cherche à comprendre l’idée avant de l’accepter. Cependant, ni la foi ni la raison ne peuvent saisir l’idée. L’idée est insaisissable. La raison cherche à la saisir, tandis que la foi pense l’avoir saisie. La foi s’explique justement par l’impossibilité à saisir l’idée, car ce qui est saisi, ce dont la vérité est démontrée et prouvée ne peut plus être objet de foi. 

FOI ET CONNAISSANCE 

   La foi est un comportement intellectuel et pratique qui résulte soit de l’ignorance ou de la connaissance. Mais la foi n’est pas la connaissance. Elle n’est pas la connaissance d’une certaine réalité abstraite comme on voudrait  bien le faire croire. Il faut impérativement distinguer entre la foi et la connaissance.    

   La connaissance produit la foi, mais elle n’est pas la foi. La foi est issue de la connaissance non comme une image ou un reflet de la connaissance, mais plutôt comme une négation de la connaissance. Non seulement la foi hante la connaissance comme Sartre le disait du néant par rapport à l’être dans ce sens où c’est dans la connaissance qu’elle trouve sa réalité, mais aussi parce qu’elle(la foi) défie la connaissance. 

   La foi dans une réalité quelconque implique nécessairement une ou plusieurs réalités contraires à celle-ci. C’est la notion même de foi qui le veut. Je ne peux pas croire dans le contraire de ce que je crois, mais l’honnêteté m’oblige à reconnaître au moins le contraire de ce que je crois.  Reconnaître le contraire de ce que je crois n’altère ni n’anéantit ma foi. Au contraire, ma foi en dépend. Elle existe grâce à cette reconnaissance du contraire. Autrement, ma foi n’aurait plus de raison d’être.  

FOI EN DIEU

C’est bien par rapport à la nature de Dieu et non par rapport à son existence que le problème de la foi s’est jusqu’à maintenant posé. 

  Si, dans la réalité, le contraire semble être vrai, c’est tout simplement parce que l’on a volontairement confondu essence et existence de Dieu. Car autrement, comment pourrait-on comprendre l'incrédulité de celui pour qui l'existence de Dieu est une évidence ?  Or c’est bien ce monopole que chacun s’efforce de conserver, à savoir la réalité de l’existence de Dieu, car si la connaissance de la nature de Dieu est du domaine de la foi, son existence est bien une réalité. 

   Dieu existe, il est réel, et c’est cette réalité que chacun veut égoïstement s’approprier en faisant dépendre de sa nature la réalité de son existence.  L’existence de Dieu ne peut être objet de foi, car Dieu est une réalité. Le problème de la foi ne peut donc se poser que par rapport à la nature de Dieu. Mais ce n’est  pas la nature de Dieu qui est important. L'important c’est la réalité de son existence. La foi dans la nature de Dieu n’est que la conséquence ou le fruit de la réalité de son existence.  

   Quand Nietzsche écrit que Dieu est mort, c’est plus une certaine définition de sa nature qu’il nie que la réalité de son existence. Si Nietzsche était athée, c’est bien par rapport à la nature de Dieu et non par rapport à son existence. Or, puisque l’on a volontairement lié les deux notions, Nietzsche était donc athée. Mais l’était-il en réalité ? Bien sûr que non, puisque d’une part, il faut nécessairement distinguer entre l'essence de Dieu et son existence et que d’autre part, l’existence de Dieu n'est pas objet de foi. 

   Dieu existe car il est la réalité même de tout ce qui existe. Nier la réalité de Dieu, c'est croire au néant. Or le néant n’est pas possible. Dieu n'a qu'une définition : C'est comme nous venons de l’exprimer la réalité de tout ce qui existe. C'est donc, se nier soi-même que de nier la réalité de l’existence de Dieu. Je suis, donc, Dieu existe et Il est manifeste. 

   L’athéïsme, c’est à dire le fait de ne pas croire dans l'existence de Dieu, est donc un non-sens. l’existence de Dieu n’a pas à se prouver. C'est une réalité de fait. Mais son essence  non plus n’a pas à se prouver, car il est objet de foi. D'ailleurs, il ne peut pas non plus être prouvé, sinon il cesserait d’être objet de foi. 

   Aucune définition de la nature ou de l'essence de Dieu que l'on puisse donner ne peut être prouvée. Par exemple, Dieu peut être aussi bien l'être suprême  que la chose suprême ou autre. 



   D’ailleurs, la foi doit nécessairement accepter la diversité. Autrement, elle n'a plus de raison d’être et cesse ipso facto d'exister. Mais ce n'est pas nier l'existence de Dieu que  de remettre en question l’une ou l’autre de ces définitions, et reconnaître l'existence de Dieu, ce n'est pas non plus croire dans l’une de ces définitions. 

   Aussi, dans la mesure ou nous distinguons entre l'existence de Dieu et sa nature, et vu le fait que l’existence de Dieu est visible ou évidente, le théisme, c'est-à-dire le fait  d’avoir foi dans l’existence de Dieu, est également un non-sens, car ce qui est évident et visible ne peut être objet de foi. Ainsi, le problème de la foi en Dieu ne peut donc se poser que par rapport à sa nature et non par rapport à son existence.   

Manuel Sainte-Claire




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